Le coin lecture

Le conte de la chasse-galerie berce notre imaginaire collectif du temps des fêtes depuis fort longtemps. En fait, bien qu’elle tire ses origines d’une vieille légende française, la version qui nous est la plus familière nous vient de Honoré Beaugrand qui la publia dans le journal La Patrie, le 31 janvier 1891.

On y retrouve un groupe de bûcherons, isolés dans le fin fond du bois, qui fait un pacte avec le diable pour aller retrouver leur bien-aimée le soir de la veille du jour de l’an. Ils feront le voyage à bord d’un canot d’écorce volant, mais en aucun temps ils ne devront invoquer Dieu ou s’approcher du clocher d’une église sous peine de perdre leur âme.

Dans La griffe du diable, Roger Cantin reprend ce grand classique en y ajoutant une profondeur qui est franchement la bienvenue. Celui à qui l’on doit notamment les scénarios des films La guerre des tuques et Matusalem, nous offre ici une version légèrement plus horrifique et imagée de cette incontournable histoire folklorique.

Samuel Dupras, responsable de l’action culturelle au Musée Louis-Hémon

Les enfants du large de Virginia Tangvald est un récit captivant. L’auteure nous offre une exploration profonde et émouvante de son histoire personnelle, réussissant à transporter le lecteur au cœur de son récit. On y découvre un contraste désarmant entre la simplicité de son écriture et les événements qu’elle raconte.

Née à bord du bateau de son père, le célèbre navigateur Peter Tangvald, Virginia n’a aucun souvenir de lui, car sa mère s’est enfuie avec elle lorsqu’elle était bébé. Elle se lance dans une enquête minutieuse pour retracer les pas de son père et de sa famille. À travers des lettres, des carnets, des journaux de bord et des témoignages, elle cherche à lever le voile sur les secrets de son père et à comprendre pourquoi la mort semble poursuivre sa famille.

D’ailleurs, Virginia Tangvald, également réalisatrice, a fait un documentaire du même nom que son premier roman. Vous pouvez le trouver sur le site de l’ONF : https://www.onf.ca/film/les-enfants-du-large/

Michelle Tremblay, Directrice générale au Musée Louis-Hémon

Avec La symphonie des monstres, l’incomparable Marc Levy lance un cri d’alarme humanitaire concernant le programme de déportation d’enfants ukrainiens orchestré par Maria Lvova-Belova, une proche collaboratrice de Vladimir Poutine, lors de l’invasion russe.

Ancré dans le réel, ce récit nous rappelle inévitablement l’horreur des pensionnats autochtones et des conséquences désastreuses du déracinement forcé et de l’endoctrinement des générations futures.

Sur fond de guerre et de déchirement, où règne parfois un lourd sentiment d’impuissance, La symphonie des monstres va bien au-delà de ce grand drame humanitaire. Il s’agit d’un objet de résistance, un hymne à l’espoir et à l’entraide, un cri de ralliement, un récit profond où chaque geste compte pour contrecarrer les menaces de l’oppresseur.

Enfin, c’est avec émotion que nous souhaitons dédier cette suggestion de lecture à la mémoire de notre très cher ami Pierre Bordeleau qui nous a quitté récemment. Membre fidèle du club de lecture depuis ses débuts, nous lui sommes profondément reconnaissant(e)s de son dévouement indéfectible et d’avoir insisté pour intégrer à notre programme ce merveilleux ouvrage. Son dernier cadeau littéraire restera comme un témoignage de sa grande sensibilité, de sa soif de connaissance insatiable et de son goût aventurier pour la littérature engagée.

Le club de lecture de la bibliothèque Hélène-Laliberté à Péribonka

Je vous ai déjà présenté Confessions animales de l’auteur Serge Bouchard. Cette fois-ci, je vous propose une autre de ses œuvres, coécrite avec Marie-Christine Lévesque : Ils étaient l’Amérique. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble important de mentionner que ce troisième tome de la série 𝘋𝘦 𝘳𝘦𝘮𝘢𝘳𝘲𝘶𝘢𝘣𝘭𝘦𝘴 𝘰𝘶𝘣𝘭𝘪𝘦́𝘴 a vu sa réalisation marquée par le décès de ses deux auteurs.

Que savez-vous des peuples qui habitaient l’Amérique avant l’arrivée des Européens ? Souvent oubliés dans les récits historiques, les Autochtones ont vécu des transformations profondes et tragiques à la suite de la colonisation. Leur langue, leur mode de vie et leurs croyances différaient radicalement de ceux des Européens, rendant la rencontre entre ces deux mondes profondément complexes.

Dans ce livre, il est bien sûr question de figures historiques comme Christophe Colomb, Jacques Cartier et Samuel de Champlain, mais pas sous l’angle glorifiant auquel nous sommes habitués. Les véritables héros de cette histoire sont Donnacona, Anadabijou, Pontiac, Membertou et bien d’autres personnalités marquantes de l’Amérique, dont les histoires ont été largement méconnues. Ces personnages n’ont pas laissé d’écrits, leur tradition reposant principalement sur la transmission orale.

Trahison, enlèvements, maladies, religion : Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque abordent ces thèmes avec rigueur et sensibilité. À travers une série de courts textes accessibles, ils nous offrent une perspective essentielle et souvent bouleversante sur l’histoire de ce continent.

C’est pour toutes ces raisons que je vous recommande vivement Ils étaient l’Amérique.

Jérémy Gauthier, guide-interprète au Musée Louis-Hémon

Pour rigoler, il faut se mettre dans la peau de Nathalie, 40 ans, de St-Charles-Borromée, aimant la routine et l’anonymat.

Voilà qu’elle participe à un concours dans le but de gagner le 3e prix : un BBQ super équipé!

Malheureusement, elle remporte plutôt le 1er : un voyage en Italie…

Avec l’humour et la dérision de Dompierre, vous aurez droit à la version trash de Mange, prie, aime.

Louise Hébert, lectrice passionnée

Découvrez l’univers fascinant de Ada ou la beauté des nombres de Catherine Dufour. Ce roman biographique retrace la vie d’Ada Lovelace, pionnière de l’informatique, dont l’autrice réussit à capturer l’essence de cette figure historique avec une narration immersive et poignante. Une lecture incontournable pour toutes personnes qui s’intéressent aux figures marquantes de l’histoire des sciences et de l’informatique.

Née en 1815, Ada est la fille du célèbre poète Lord Byron. Malgré une enfance marquée par la maladie et une éducation stricte, Ada développe une passion pour les mathématiques. À 25 ans, déjà mère de trois enfants, elle rencontre Charles Babbage, inventeur de la machine à calculer. Ada a l’intuition de ce qui deviendra l’informatique moderne et écrit le premier programme informatique au monde. Ses notes, en particulier celles sur le calcul des nombres de Bernoulli, sont considérées comme le premier programme informatique. Cela a jeté les bases de la programmation et de la conception des logiciels tels que nous les connaissons aujourd’hui !

Michelle Tremblay, directrice générale au Musée Louis-Hémon

Comme j’ai adoré son dernier roman Tata, que je vous ai d’ailleurs récemment suggéré, je me suis dit que j’allais lire son premier roman. Je vous invite à plonger dans l’univers touchant des Oubliés du dimanche de Valérie Perrin.

Ce roman offre une exploration de la mémoire, des secrets de famille et des relations intergénérationnelles. Perrin réussit à créer une atmosphère empreinte de nostalgie et de tendresse, transportant le lecteur à travers les vies entrelacées de ses personnages.

Le roman raconte l’histoire de Justine, une jeune aide-soignante de 21 ans qui travaille dans une maison de retraite appelée Les Hortensias. Elle vit avec ses grands-parents et son cousin depuis la mort de leurs parents dans un terrible accident. Justine se lie d’amitié avec Hélène, une centenaire résidente de la maison de retraite, qui partage avec elle ses souvenirs et ses secrets.

Le petit-fils d’Hélène, voyant que Justine connaît mieux sa grand-mère que lui, demande à l’aide-soignante d’écrire l’histoire de sa grand-mère. À travers les échanges avec les résidents, Justine découvre des vérités cachées sur sa propre famille et sur les résidents de la maison de retraite.

Une lecture divertissante et touchante.

Michelle Tremblay, directrice générale au Musée Louis-Hémon

La diaspora des Desrosiers est certainement une autre merveille de Michel Tremblay. Tellement bien écrite, colorée et touchante à souhait !

L’histoire précède Les chroniques du Plateau Mont-Royal. On y retrouve Nana, l’universelle Grosse Femme d’à côté, qui quitte sa Saskatchewan pour aller retrouver sa mère à Montréal et qui devra survivre à sa nouvelle vie urbaine tumultueuse, si éloignée des champs paradisiaques de son enfance.

Une aventure intime en neuf petits livres au cœur de nos malheurs et de nos joies quotidiennes. On referme le dernier et on s’ennuie déjà de cette si belle famille.

Louise Hébert, lectrice passionnée